28 avril 2008, Cotonou, Benin — Le Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) assiste ses États membres dans la gestion de la crise rizicole en combinant des actions à court terme renforcées par des stratégies sur les moyen et long terme qui soutiennent leurs secteurs rizicoles respectifs.
« La crise rizicole n’est vraiment pas une surprise pour l’ADRAO et nos États membres, » a déclaré Dr Papa Abdoulaye Seck Directeur général de l’ADRAO. « Le Centre avait non seulement prédit cette crise, mais aussi pris des mesures concrètes pour aider ses États membres à la juguler. »
En prévision de la crise
Depuis 2006, l’ADRAO a alerté systématiquement les gouvernements de ses États membres sur l’imminence d’une crise rizicole en Afrique. La dernière sonnette d’alarme sur cette crise a été tirée lors du Conseil des ministres de l’ADRAO qui s’est tenu en septembre 2007 à Abuja, Nigeria.
Dans le cadre de ses efforts de plaidoyer de haut niveau utilisant le statut unique de l’ADRAO comme Association de pays africains, le Directeur général de l’ADRAO a rencontré les décideurs politiques au Bénin en novembre 2006. Lors de cette réunion, une initiative présidentielle sur le riz a été proposée et approuvée par Son Excellence le Président Yayi Boni.
L’Initiative présidentielle prévue pour novembre 2008 à Cotonou, réunira des Chefs d’États, Ministres de l’Agriculture, des Finances, et du Commerce des États membres mais également des donateurs, des chercheurs nationaux et internationaux du domaine rizicole, des organisations non-gouvernementales, le secteur privé et les agriculteurs.
Cette Initiative a pour objectifs le développement d’un plan d’action collective par les pays membres en vue de relancer la production rizicole du continent et plaider en faveur d’investissements plus conséquents destinés au secteur rizicole afin d’éviter les effets néfastes des ruptures de stock.
La question de la crise rizicole était au centre des débats de la 26e session du Conseil des ministres de l’ADRAO en septembre 2007. Du fait de l’importance du thème, le Conseil des ministres avait exceptionnellement autorisé les organisations paysannes (ROPPA), les organisations régionales et sous régionales (FARA et CORAF) et les communautés économiques régionales (UEMOA) à participer à cette réunion en tant qu’observateurs.
Lors de cette session, Dr Seck a fait une présentation intitulée « Crise rizicole en Afrique : mythe ou réalité » et a conclu que tous les signes présageaient une crise rizicole imminente pour l’Afrique. Parallèlement, Dr Seck a rappelé l’énorme potentiel de l’Afrique pour la riziculture, en effet ce continent possède de vastes étendues de terres non cultivées, en particulier les bas-fonds, de même que d’autres ressources en eau qui sont encore non exploitées.
Dr Seck avait aussi émis une série de recommandations aux gouvernements africains :
- L’établissement d’une législation semencière et la promotion de l’implication du secteur privé dans l’approvisionnement et le commerce des semences ;
- la réduction de la taxe d’importation sur la petite machinerie pour les travaux champêtres et la transformation ce qui peut accroître l’efficacité de la main-d’œuvre des riziculteurs et améliorer la qualité des grains ;
- Mise en place d’initiatives conjointes pour réduire le prix des engrais puisqu’en Afrique ils sont 2 à 6 fois plus chers qu’en Asie et en Europe ;
- Le renforcement des capacités dans les domaines de la recherche, de la vulgarisation, de la transformation et de la commercialisation ;
- La promotion de l’utilisation à grande échelle des variétés de riz NERICA® de plateau et de bas-fond ;
- L’accroissement significatif de la part de la riziculture irriguée et de bas-fond à haut rendement.
Convaincus par ce plaidoyer, les États membres ont pris des engagements forts vis-à-vis de la recherche et du développement rizicoles : en augmentant leurs contributions à l’ADRAO, en adoptant à l’unanimité les recommandations et en soutenant fortement l’Initiative du Président Dr. Yayi Boni sur le riz.
Plusieurs États membres ont immédiatement sollicité l’assistance de l’ADRAO pour le développement des stratégies rizicoles nationales et des législations semencières efficaces.
Juguler la crise
Pour faire face à cette crise, à court terme, l’ADRAO a conseillé aux gouvernements de réduire les taxes sur le riz importé et de définir des mécanismes de transparence des marchés pour éliminer la spéculation. Toutefois, le Centre ne perd pas de vue la stratégie à long terme qui vise à soutenir vigoureusement les petits producteurs de riz en vue d’accroître leur productivité et les excédents commercialisés.
L’ADRAO développe également avec les programmes nationaux et d’autres partenaires une initiative d’urgence en vue d’accroître significativement dès maintenant la production rizicole en Afrique subsaharienne.
Déclarant que les détails de cette initiative seront très prochainement annoncés, Dr Seck a dit, « La crise rizicole est une opportunité pour l’Afrique de construire un meilleur futur pour son secteur rizicole. »
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