L’an dernier, les prix internationaux du riz ont atteint des niveaux record, provoquant des émeutes dans plusieurs pays africains dépendant des importations
3 septembre 2009, LOME, Togo —Suite à la flambée des prix des produits alimentaires qui a provoqué des émeutes dans plusieurs villes africaines au début de l’an dernier, plusieurs Etats membres du Centre du riz pour l’Afrique ont adopté les mesures politiques clés recommandées par le Centre en 2007 pour supporter le secteur rizicole. Ce support du gouvernement a contribué à une augmentation de 18 pour cent de la production rizicole en Afrique en 2008, par rapport aux niveaux de production de 2007 selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
La forte augmentation de 241 pour cent de la production rizicole du Burkina Faso en 2008 par rapport à 2007 est la plus remarquable. Le Burkina Faso a été l’un des pays secoués par les émeutes contre la hausse des prix. La FAO attribue ce changement radical dans la production du riz au Burkina Faso au soutien que le gouvernement a accordé aux paysans, ce qui leur a permis d’accéder à des semences certifiées de riz de bonne qualité, notamment les variétés de riz NERICA® développées par le Centre du riz pour l’Afrique, et d’autres intrants agricoles de base.
Le Sénégal, huitième pays importateur de riz au monde, a aussi augmenté sa production rizicole de 90 pour cent en 2008 à travers une initiative présidentielle qui a mis en place un système de distribution facilitant l’accès des riziculteurs aux intrants agricoles subventionnés tels que les semences certifiées et les engrais.
Au plus fort de la plus grave crise rizicole de ces derniers temps, beaucoup de gouvernements africains ont donné la priorité à la production locale de riz et s’efforcent de créer les conditions qui permettront aux paysans de commencer à explorer les vastes ressources en terres et en eaux inexploitées pour une production de riz bon marché.
« Il s’agit là d’un pas dans la bonne direction mais il faut que les gouvernements fassent davantage pour réduire la forte dépendance sur le riz d’importation en vue d’atteindre la sécurité alimentaire nationale, » a déclaré Dr Papa Abdoulaye Seck, Directeur général du Centre du riz pour l’Afrique.
Les autres pays africains producteurs de riz qui ont enregistré des augmentations à deux chiffres de leur production nationale en une année sont le Mali, le Bénin, le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire, la Guinée et l’Ouganda.
Tous ces acquis ainsi que les défis du secteur rizicole en Afrique seront discutés cette semaine à Lomé au Togo, lors de la réunion biennale du Conseil des ministres du Centre du riz pour l’Afrique.
Le Centre du riz pour l’Afrique est une association intergouvernementale de 23 pays africains producteurs de riz, qui entreprend de faciliter un dialogue politique plus efficace sur le continent à travers son Conseil des ministres. Il est aussi l’un des 15 centres internationaux de recherche agricole supportés par le Groupe consultative pour la recherche agricole internationale (GCRAI).
Le Centre produit une variété de technologies rizicoles, aide les pays membres à accélérer l’adoption des nouvelles technologies et s’efforce à améliorer la production et la distribution de semences de riz en vue de booster la production.
Prenant conscience du rôle crucial joué par la recherche dans le développement des innovations technologiques et des solutions requises pour l’amélioration de la production rizicole et la sécurité alimentaire, les Etats membres du Centre du riz pour l’Afrique ont investi dix fois plus en 2007-2008 dans la recherche rizicole à travers leurs contributions au Centre, comparativement à la période 2001-2006.
Dans son urbanisation rapide, l’Afrique s’est appuyée, pendant des décennies, sur des importations de riz relativement bon marché pour satisfaire 40 pour cent de ses besoins. Parmi les plus grands pays importateurs de riz, le Nigeria, à lui seul, consomme jusqu’à 5,6 pour cent du riz commercialisé à l’échelle mondiale. La consommation Africaine de riz augmente de 4,5 pour cent par an pour une croissance annuelle de la production d’environ 3 pour cent.
« Au lieu d’être une menace, l’augmentation croissante du prix du riz doit être une opportunité historique unique et une incitation à explorer le potentiel latent de l’Afrique en matière de production rizicole et se démarquer de plusieurs décennies de biais politiques contre l’agriculture qui représente 35 pourcent du PIB de l’Afrique subsaharienne et 75 pourcent des emplois sur le continent, » a déclaré Dr Seck.
Une simulation faite au Centre du riz pour l’Afrique projette que l’Afrique pourrait en principe devenir un exportateur net de riz, fournissant plus de 5 millions de tonnes de riz au marché international en augmentant la superficie actuelle sous production rizicole de 15 pourcent et en utilisant les technologies améliorées pour combler les écarts de rendement.
Pour mieux tirer profit des opportunités présentées par le marché mondial du riz, le Centre exhorte les pays africains à investir fortement dans les secteurs agricoles, en particulier dans la recherche et la vulgarisation en charge du développement et de la livraison des nouvelles technologies.
Le Centre du riz pour l’Afrique exhorte les gouvernements à mieux gérer et exploiter les ressources hydriques naturelles pour accroître la productivité du riz. L’irrigation permettrait d’augmenter les rendements de riz trois à quatre fois plus que ce qui est réalisé actuellement en se basant que sur l’eau de pluie. Le développement des routes et des infrastructures de stockage permettra de réduire davantage les pertes post-récolte, qui représentent 40 à 60 pourcent de la production rizicole.
Les subventions d’intrants ciblés pour couvrir le coût des nouvelles technologies importées sont aussi nécessaires pour que le continent puisse réaliser son potentiel de production rizicole. Les rendements actuels de riz en Afrique représentent moins du tiers de ce qui pourrait être produit, si les technologies et les innovations étaient appliquées.
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