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La radio et la vidéo, chemins du renouveau de l’agriculture africaine

Deux tiers des femmes rurales appliquent de manière créative les idées véhiculées dans les vidéos portant sur les techniques de transformation des aliments, comparativement à 20 pour cent pour celles qui ont pris part à des ateliers de formation

11 juin 2009, Cotonou, Benin — Les média conventionnels, radio et vidéo, sont des outils plus puissants et plus appropriés pour les innovations et la transformation agricoles en Afrique qu’on ne le croit généralement. C’est ce que révèle une étude publiée dans l’édition de juin de l’International Journal of Agricultural Sustainability.

L’étude initiée par le Centre du riz pour l’Afrique et l’Université d’Abomey Calavi du Bénin a trouvé que la puissance des programmes de radio et vidéo n’est pas reconnue et appréciée à sa juste valeur par les décideurs politiques africains, ce qui étouffe le potentiel de ces média à enclencher les innovations en milieu paysan.

“Les innovations paysannes sont souvent conditionnées par les limitations en capital et reposent essentiellement sur les ressources disponibles au niveau local et la connaissance est l’une de ces ressources-clés,” indique Paul Van Mele, chercheur au Centre du riz pour l’Afrique. “La vidéo s’est avérée un média puissant et abordable pour la vulgarisation de paysan à paysan et pour exposer les communautés rurales à des idées et pratiques nouvelles.”

Intitulé la puissance de la vidéo à susciter les innovations : transformation du riz dans le centre du Bénin, l’étude a examiné les impacts des vidéos didactiques relatant les démonstrations des premiers paysans adoptants sur l’utilisation des nouvelles technologies et techniques. L’étude a trouvé que lorsque les femmes ont vu des vidéos sur des collègues paysans démontrant de nouvelles techniques, elles font montre d’un meilleur apprentissage et compréhension de la technologie et appliquent de manière créative son concept de base.

On a enregistré des niveaux d’innovation de 72 pour cent dans des villages où les femmes ont été initiées aux techniques améliorées de transformation du riz à travers la vidéo comparativement à 19 pour cent chez les paysans qui ont pris part à des ateliers de formation. Lorsque des femmes qui ont pris part aux ateliers de formation ont l’occasion de voir les vidéos, le niveau d’innovation grimpe jusqu’à 92 pour cent.

En fait, l’étude a montré que les vidéos incitent à plus d’innovations que les techniques conventionnelles de formation des paysans. On a notamment enregistré des niveaux élevés de créativité (67 pour cent) chez les femmes qui n’avaient pas accès à la technologie de transformation du riz décrite dans la vidéo.

“Les adaptations faites par les femmes béninoises pour améliorer la transformation du riz après avoir vu la vidéo illustrent la puissance de la vidéo à stimuler la créativité au sein des populations rurales, qui ne sont souvent perçues que comme de simples consommateurs passifs de technologies,” poursuit Van Mele. ‘En plus de cette puissance, la vidéo a permis de toucher plus de gens que les ateliers de formation conventionnelle.’

Tirant les enseignements d’une initiative d’apprentissage rural similaire entreprise au Bangladesh, le Centre du riz pour l’Afrique, en collaboration avec une large gamme de partenaires, utilise des vidéos en langues locales pour former les paysans sur diverses facettes de la production et transformation du riz au Bénin, en Ethiopie, en Gambie, au Ghana, au Nigeria et au Sénégal, parmi bien d’autres pays.

A la fin de l’année dernière, les vidéos sur le riz étaient traduites en 20 langues africaines et utilisées par plus de 400 organisations communautaires d’Afrique pour le renforcement de leur capacité en technologies rizicoles.

Les vidéos, qui sont diffusées à travers des cars de cinéma mobile ou des organisations locales, ont été visionnées par environ 130 000 paysans à travers l’Afrique, contribuant ainsi à susciter leur créativité. Elles ont atteint trois fois plus de paysans que les ateliers traditionnels de formation.

Dans plusieurs pays, des organisations partenaires combinent les vidéos avec des programmes de radio pour renforcer les leçons et connaissances. En Guinée, une station de radio, Radio Guinée Maritime a diffusé des interviews avec des paysans impliqués dans ce programme en couvrant plus de 800 000 auditeurs, une expérience qui a été transposée en Gambie, au Nigeria et pour les refugiés du Nord de l’Ouganda.

Pour effectivement tirer bénéfice du potentiel des technologies de la radio et de la vidéo en Afrique, l’étude recommande d’élargir l’horizon habituel des innovations au delà des systèmes traditionnels de recherche et vulgarisation pour couvrir aussi les innovations locales en milieu paysan. “Les innovations locales reflètent mieux les réalités que les techniques externes,” concluent les auteurs de l’étude.

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About AfricaRice

AfricaRice is a CGIAR Research Center – part of a global research partnership for a food-secure future. It is also an intergovernmental association of African member countries.

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