2 octobre 2008, Cotonou, Benin — Invité, par le Secrétaire général de l’ONU, comme l’un des principaux communicateurs de la table ronde thématique sur la pauvreté et la faim au récent événement de haut niveau des Nations Unies sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), Dr Papa Abdoulaye Seck, Directeur général du Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO), a affirmé que l’Afrique peut devenir un des plus grands bassins agricoles au monde si elle prend effectivement conscience de ses diverses potentialités et en assure une exploitation optimale.
« L’Afrique dispose suffisamment d’eaux, de terres, d’une grande diversité agro-écologique, d’un capital humain mobilisable et de technologies sous-exploitées faute de systèmes d’innovation performants », a déclaré Dr Seck lors de la table ronde sur la pauvreté et la faim, qui était co-présidée par S.E. José Luis Rodríguez Zapatero, Premier ministre d’Espagne, S.E. Bingu Wa Mutharika, Président du Malawi et S.E. Yayi Boni, Président du Bénin. Le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), M. Lennart Bage, a servi comme Rapporteur.
Plus de 65 Chefs d’État et de gouvernement ainsi que des représentants d’organisations internationales, du secteur privé, de la société civile et des fondations philanthropiques ont participé à cette table ronde. Dr Seck était accompagné de M. Getachew Engida, Président du Conseil d’administration de l’ADRAO.
Cet événement a été conjointement convoqué par le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et le Président de l’Assemblée générale de l’ONU Miguel D’Escoto Brockmann, pour évaluer le progrès fait dans l’atteinte des OMD à mi-parcours de l’objectif fixé pour 2015. Les discussions des tables rondes ont permis de déterminer les lacunes et d’identifier d’autres approches en vue d’accélérer le progrès dans la réalisation des OMD.
Dans son discours intitulé « L’Afrique peut-elle se nourrir ? » Dr Seck a souligné que la combinaison de quatre facteurs – technologies adaptées, infrastructures de qualité, environnement économique et institutionnel incitatif, et préservation des ressources naturelles – permettra de transformer de façon positive l’agriculture africaine.
Dr Seck a déclaré qu’une récente simulation faite par l’ADRAO a montré que l’Afrique peut devenir un exportateur net de riz, fournissant plus de 5 millions de tonnes par an au marché international tout en garantissant une compétitivité-coût et une compétitivité-qualité. Pour ce faire, il faudrait, d’une part d’augmenter les superficies actuelles de 15 % sans déforestation, et d’autre part, mettre en place des paquets technologiques adaptés, tels que les variétés NERICA® mises au point par l’ADRAO et ses partenaires.
Soulignant le fait que l’Afrique peut se nourrir, Dr Seck a proposé six préalables pour atteindre ce but :
- Allouer au secteur agricole d’un budget conséquent : Il est impératif de corriger les erreurs du passé, conséquence des politiques agricoles qui ont conduit à un abandon des priorités du monde rural invoquant une prétendue rationalisation des dépenses publiques, et une libéralisation prématurée. Cinq ans après la résolution de Maputo, seuls 10 pays sur 53 ont honoré leur engagement d’allouer 10 % du budget national au développement agricole.
- Investir davantage dans la recherche : Les publications de l’Afrique ne représentent que 0,3 % du capital des résultats scientifiques du monde et ne compte que 70 chercheurs pour 1 million d’habitants contre 4 380 pour le Japon. Pour améliorer la capacité de recherche du continent, les programmes nationaux, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) et les Institutions de recherche avancées (IRA) doivent être pleinement soutenues.
- Maîtriser l’eau : Selon la FAO, l’Afrique n’utilise que 4 % de ses ressources en eau renouvelables. En maîtrisant l’eau, les paysans africains peuvent accroître l’intensité culturale et les rendements. À titre d’exemple, le riz irrigué permet d’obtenir des rendements 3 à 4 fois plus élevés qu’en riziculture pluviale (terre sèche).
- Mettre en place des infrastructures de base (magasins de stockage, routes, etc.) : Cela va permettre une diminution des pertes post-récoltes (qui peuvent représenter 40 à 60 % de la production), de développer les opportunités d’accès au marché, d’augmenter les revenus des ruraux d’au moins 30 % et de réduire les coûts de transactions.
- Des subventions ciblées pour l’acquisition d’intrants (semences, engrais et petite machinerie, etc.) : En Afrique, sans des subventions ciblées, une hausse significative des rendements agricoles est impossible car toute innovation technologique a un coût qui doit être supporté.
- Soutenir les stratégies nationales, régionales et panafricaines de relance de l’agriculture : Il est essentiel que la communauté internationale supporte les initiatives telles que le Programme intégré pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP).
« En soutenant davantage l’agriculture africaine, la communauté internationale va renforcer un des futurs grands contributeurs de la sécurité alimentaire mondiale », a déclaré Dr Seck en guise de conclusion.
L’implication du Centre du riz pour l’Afrique dans ces délibérations de haut niveau est aujourd’hui synonyme d’une plus grande reconnaissance de l’excellent travail accompli dans le Centre au niveau des dirigeants du monde.
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