22 novembre 2007, Cotonou, Benin — L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus pauvres au monde. Cependant, grâce à un projet révolutionnaire, les riziculteurs de cette région peuvent tirer assez de profits de leurs champs pour envoyer leurs enfants à l’école et leur prodiguer de meilleurs soins de santé.
Ce projet d’environ 35 millions de dollars américains est financé par la Banque africaine de développement (BAD). Il supporte la dissémination des variétés du Nouveau riz pour l’Afrique (NERICA®) dans sept pays d’Afrique de l’Ouest – Bénin, Gambie, Ghana, Guinée, Mali, Nigeria et Sierra Leone.
“Maintenant nous sommes en mesure d’envoyer presque tous nos enfants à l’école,” déclare Oumar Bojang, Secrétaire de l’association paysanne Yirima Kafo à Jambur, Gambie. Les membres de Yirima Kafo comptent 180 femmes et 20 hommes, qui cultivent le NERICA avec l’appui du projet BAD. Oumar a dit que l’association a fait un bénéfice d’environ 4000 USD en 2006. L’association a aussi pu ouvrir un compte bancaire.
Certains des paysans progressifs qui ont bénéficié du projet ont rapporté des succès spectaculaires. En 2006, Bakary Togola, un paysan malien a pu avoir un bénéfice de 124 000 USD de la vente des semences NERICA. Il a augmenté sa superficie de NERICA de 4 ha en 2004 à 60 ha en 2006. En 2007, il l’a agrandie à 80 ha.
Suleyman Mboob de la Gambie a raconté qu’en 2006 il a cultivé le NERICA sur 25 ha et a eu environ 26 300 USD de la vente des semences, tandis que Alhaji Dembur Jatta, son compatriote, a eu environ 1600 USD. Les deux ont distribué gratuitement des quantités de semences de NERICA à leurs amis et aux membres de leurs familles.
Au Bénin – un autre pays pilote de ce projet – une étude d’impact couvrant 24 villages menée par le Centre du riz en Afrique (ADRAO) et ses partenaires, a montré les impacts positifs de l’adoption du NERICA sur les moyens d’existence des paysans. De meilleures récoltes avec des rendements plus élevés ont permis aux paysans producteurs de NERICA de gagner plus d’argent pour supporter l’écolage, les soins médicaux et une meilleure alimentation.
Le taux de fréquentation scolaire dans la zone de l’étude a augmenté de 6% et les familles paysannes étaient en mesure de dépenser un supplément de 20 USD dans les dépenses scolaires par enfant et de 12 USD dans les dépenses des soins de santé par enfant malade.
Ces impacts, bien que modestes, font la différence dans les vies des pauvres qui représentent environ 80% des bénéficiaires ciblés par le projet BAD. Le projet a développé des produits à base de NERICA qui valorisent le riz et peuvent offrir d’importantes opportunités de marché aux femmes rurales.
Le projet vise à impliquer environ 33 000 familles paysannes dans les approches participatives en vue d’accélérer la dissémination des NERICA. Beaucoup de nouvelles variétés prometteuses – notamment les nouvelles variétés de NERICA – ont été sélectionnées par les paysans grâce à ces approches. A titre d’exemple, en Guinée, qui a environ 83 000 ha emblavés de NERICA, 940 ménages paysans ont activement participé dans les activités de sélection variétale en 2006.
D’ici la cinquième année du projet BAD, on s’attend à ce qu’environ 400 000 ha soient emblavées de NERICA dans les sept pays pilotes et la facture des importations annuelles de riz réduite d’environ 100 millions de dollars américains. Le projet a été lancé en 2005 mais n’a commencé ses activités qu’en 2006.
Il est coordonné par l’Initiative africaine sur le riz (ARI). ARI est abritée par le Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) et soutenue par plusieurs partenaires et donateurs, notamment la BAD, la Fondation Rockefeller, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Points saillants du Projet NERICA de la BAD
Surmonter la pénurie de semences
Puisque la pénurie de semences est le plus grand goulot d’étranglement dans la dissémination des NERICA, le projet a mis un effort majeur dans la production et la diffusion des semences de qualité de NERICA.
Entre 2005 et 2007, l’Unité régionale de coordination de l’ARI a produit près de 200 t de semences de base et de semences de pré-base et a facilité la production de plus de 4000 t de semences de base et de semences certifiées dans les pays pilotes du projet.
Mais il est difficile de faire face à la demande de plus en plus croissante des semences de NERICA. Par exemple, en 2007, en réponse à la demande du Nigeria, l’Unité régionale de coordination leur a fourni 100 t de semences de base de NERICA.
“L’Initiative africaine sur le riz explore avec les partenaires appropriés, en particulier les systèmes nationaux, pour mettre en place des stratégies durables de production et d’approvisionnement de semences de NERICA,” déclare Inoussa Akintayo, Coordinateur régional de l’Initiative africaine sur le riz.
Renforcement des capacités des agents de vulgarisation et des paysans
Le renforcement des capacités de tous les acteurs du secteur rizicole fait partie intégrante du projet. En plus du Centre du riz pour l’Afrique, JICA et Sasakawa Global 2000 sont deux partenaires clés de l’Initiative dans le renforcement des capacités.
Dans le cadre d’une stratégie de “formation des formateurs”, le Projet a formé environ 85 techniciens en méthodes améliorées de production des semences et en approches participatives et plus de 3600 paysans en techniques de production des semences. Le Projet a aussi contribué à la formation de plus de 20 spécialistes en évaluation d’impact.
Deux spécialistes du riz de JICA qui travaillent avec l’Initiative ont été particulièrement impliqués dans les programmes de formation de groupes sur les aspects importants de la riziculture – depuis la production des semences de qualité jusqu’aux paquets agronomiques.
En plus de ces efforts, des programmes de renforcement des capacités, spécifiques à chaque pays, sont entrepris par chaque pays pilote. Par exemple, en 2006, au Nigeria, environ 850 agents de vulgarisation ont été formés sur divers aspects de la production rizicole et plus de 700 paysans en production des semences. Le Projet NERICA de la BAD au Nigeria joue un rôle important dans l’Initiative présidentielle sur le riz au Nigeria, dans laquelle le NERICA est une composante majeure.
Au Mali, l’Unité nationale de coordination a développé quatre modules de formation sur la production rizicole, les organisations paysannes, la gestion des coopératives et la qualité des semences. En 2006, environ 165 producteurs de semences de NERICA ont été mobilisés au Ghana grâce aux activités intensives de formation des paysans.
Les activités de renforcement des capacités et de restauration de riz sont particulièrement importantes dans les zones post-conflit de la Sierra Leone – où le riz est une nourriture de base.
Développement de technologies complémentaires
En vue d’accroître la productivité des variétés NERICA, des technologies complémentaires telles que les paquets agronomiques, sont en cours d’évaluation dans les pays pilotes en collaboration avec les chercheurs du Centre du riz pour l’Afrique et d’autres personnes ressources.
L’Unité régionale de coordination aide à documenter l’information pertinente dans le Compendium NERICA qui sera publié d’ici peu conjointement avec la FAO et Sasakawa Africa Association.
Implication du secteur privé et des ONG
Le projet fonctionne à travers les partenariats et les plates-formes des acteurs du NERICA qui ont été créées dans chaque pays pilote. Dr Akintayo a souligné le cas du Bénin, où le projet BAD a mis en route un processus historique – l’implication réussie du secteur privé dans la production des semences de NERICA, menée par l’industriel béninois M. Babatundé Olufindji, qui a été récemment honoré par la FAO pour son rôle actif.
La Banque régionale de solidarité (BRS) a donné plus de 80 000 USD de crédit aux organisations paysannes pour produire les semences de NERICA au Bénin. En 2007, une autre compagnie, BSS-SIPRI-Sarl, a lancé un ambitieux projet de NERICA au Bénin en collaboration avec Satake Corporation. Songhaï (une ONG basée au Bénin) utilise sa propre initiative novatrice pour produire et commercialiser le NERICA au Bénin et dans les pays limitrophes.
De tels partenariats élargis ont été aussi développés dans d’autres pays pilotes. “La connexion avec le secteur privé est l’un des plus grands succès du projet,” a déclaré Dr Akintayo. “Mais nous avons encore du chemin à faire.”
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