AfricaRice News release

Les économistes tirent la sonnette d’alarme sur une crise rizicole imminente en Afrique

28 juin 2007, Cotonou, Benin — Les participants à la troisième réunion annuelle du groupe de recherche et de plaidoyer en faveur des politiques africaines tenue au Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) du 25 au 27 juin à Cotonou, Bénin, ont exprimé leur profonde inquiétude pour la situation actuelle de la riziculture dans le monde et ses implications pour l’Afrique subsaharienne (ASS).

Les réserves mondiales de riz, estimées à 80,6 millions de tonnes en 2005-06, sont à leur niveau le plus bas depuis 1983-84. Ces stocks représentent moins de 2 mois de consommation et la moitié des stocks sont détenus par la Chine. La consommation mondiale en riz continue de distancer la production rizicole. Les prix du riz augmentent sans cesse et doubleront probablement dans les années à venir.

Selon le Directeur général de l’ADRAO, Dr Papa Abdoulaye Seck, cette situation a de graves implications, particulièrement en ASS, car environ 40 % de la demande de la région en riz est satisfaite par les importations.

Avec seulement 13 % de la population mondiale, l’Afrique représente 32 % des importations mondiales en riz, de ce fait elle joue un rôle actif dans le commerce international du riz. En 2006, l’ASS a importé plus de 9 millions de tonnes de riz d’une valeur estimée à 2 milliards de dollars US.

Expliquant que seulement 7 % de la production totale mondiale en riz est commercialisée, Dr Aliou Diagne, l’économiste de l’ADRAO a déclaré que cette offre était trop limitée. « L’ASS doit urgemment revoir sa politique d’importation de riz pour éviter la crise imminente ».

« Les économies nationales rizicoles africaines seront de plus en plus exposées à une offre externe imprévisible et à des chocs de prix », a fait remarquer Dr. Diagne, se référant à la récente alerte de la Banque Mondiale sur l’augmentation actuelle des prix des céréales et sur le niveau bas des réserves mondiales qui pourraient déclencher des émeutes alimentaires en Afrique. Les prix du riz ont déjà augmenté en Thaïlande et au Vietnam, les pays exportateurs traditionnels de riz en direction de l’Afrique.

L’Afrique a un immense potentiel inexploité en production rizicole. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), la production de paddy (riz non décortiqué) en Afrique a augmenté pour la sixième année consécutive, pour atteindre 21,6 millions de tonnes en 2006.

Mais avec la consommation de riz  qui double tous les 9 ans en Afrique de l’Ouest, ceinture rizicole de l’Afrique, le défi à relever est énorme.

Appel urgent de soutien aux riziculteurs africains par les gouvernements

Les participants à l’atelier ont insisté sur le fait que les gouvernements africains doivent donner le soutien adéquat aux petits paysans qui constituent la majorité des producteurs de riz en ASS. Les petits riziculteurs de la région sont confrontés à une concurrence injuste du riz importé subventionné.

Pascal Gbenou du réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles (ROPPA) de l’Afrique de l’Ouest a déclaré que le riz continue d’être une des denrées les plus protégées dans chaque pays sauf en Afrique de l’Ouest.

  1. Gbenou a exhorté l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine(UEMOA) à adopter un taux élevé deTarif Extérieur Commun (TEC) pour les produits agricoles car le taux actuel de TEC appliqué par l’UEMOA a un effet néfaste sur le secteur agricole de la sous région en général et notamment sur la riziculture.

Dans sa réponse, Mr Kolado Bocoum de l’UEMOA a déclaré que l’UEMOA était en train de réexaminer la question du TEC et que les politiques agricoles de l’UEMOA bénéficieraient beaucoup des contributions des structures spécialisées telles que l’ADRAO.

La valeur des politiques adéquates pour dynamiser le secteur rizicole africain

« Les politiques adéquates sont en effet essentielles pour rendre le secteur rizicole africain compétitif », a dit Dr. Akande Oyetunji, Directeur général de l’Institut social et de la recherche économique (NISER) du Nigeria.

« Nous pouvons voir comment les politiques récentes adoptées par le Nigeria dans le cadre de l’Initiative rizicole présidentielle ont dynamisé le secteur rizicole du pays», a dit Dr Oyetunji. La production rizicole du Nigeria atteignait près de 4 millions de tonnes en 2006, soit 10 % de plus que le niveau de 2005.

Par ailleurs, le Nigeria a pu réduire ses importations en riz en 2005 de plus de 800 000 tonnes, grâce aux fortes mesures prises par le gouvernement pour augmenter la production rizicole interne et pour réduire les importations de riz.

Opportunité pour l’Afrique

Les économistes de l’ADRAO pensent que la disponibilité de riz importé moins cher a jusqu’ici été une excuse de prédilection pour plusieurs gouvernements en ASS pour négliger la production rizicole interne.

« Dans ce cas, l’augmentation des prix du riz sur le marché mondial est une opportunité pour l’ASS parce qu’elle accroît la compétitivité du secteur rizicole locale », a déclaré Dr Diagne, en expliquant que cette question était une des questions principales débattues par le groupe de la recherche et de plaidoyer en faveur des politiques africaines.

Le groupe qui a été créé il y a 3 ans, sert de mode de transfert des politiques pour la promotion du secteur rizicole en Afrique de l’Ouest et son objectif est d’améliorer l’impact de la recherche en politiques et des dispositions institutionnelles sur la compétitivité du secteur rizicole de la région.

Soulignant l’importance de cette réunion, le Directeur général adjoint de l’ADRAO pour la recherche Dr Shellemiah Keya a affirmé que les recommandations de la réunion serviront de contributions inestimables pour le plaidoyer en faveur des politiques rizicoles à la prochaine session du Conseil des ministres des pays membres de l’ADRAO prévue pour septembre 2007.

Outre les économistes de l’ADRAO, les experts en sciences économiques et politiques rizicoles du Nigeria, du Niger, du Bénin, du Burkina Faso et du Mali ont pris part à la réunion ainsi que des représentants de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), d’Oxfam et des organisations paysannes.

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AfricaRice is a CGIAR Research Center – part of a global research partnership for a food-secure future. It is also an intergovernmental association of African member countries.

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