Abidjan, Côte d’Ivoire — En référence aux récents développements positifs en Côte d’Ivoire pour mettre fin à une crise politique longue de six mois, le Dr Kanayo F. Nwanze, Directeur Général de l’ADRAO – Centre du riz pour l’Afrique, a dit : « ceci est de bon augure pour l’ADRAO qui suit hardiment son chemin vers l’avenir et conforte son leadership dans la R&D rizicole en Afrique sub-saharienne ».
L’ADRAO a son siège à Bouaké, en Côte d’Ivoire. Bien que le conflit, qui a démarré en septembre 2002, ait eu de sérieuses implications financières pour le Centre qui a dû évacuer temporairement son personnel international de Bouaké, son campus, d’une valeur de 30 millions de $, reste intact et son personnel sain et sauf.
L’ADRAO a également été capable de récupérer avec succès 80 % des échantillons dupliqués de variétés de riz de sa banque de gènes et une bonne partie de ses données scientifiques et financières pour les stocker en dehors de la zone à risque. Les « efforts héroïques » de certains membres du personnel local pour maintenir des essais en champs sur le Campus en dépit de la crise ont été salués de toutes parts.
Les personnels de l’ADRAO, sortis plus fort de la crise, se rejoignent pour assurer que le Centre continue à être vivant et productif, capable de fournir des produits de recherche de grande qualité, tels que la technologie du NERICA (Nouveau Riz pur l’Afrique), qui, s’il est bien diffusé à travers l’Afrique sub-saharienne, promet de révolutionner le mode de vie de millions de pauvres riziculteurs dans la région.
Tous les champs d’activité du Centre – de la gestion de la recherche à l’administration, les finances, les ressources humaines et la formation – ont été pénétrés d’un nouveau dynamisme et deviennent plus rationnels et ciblés.
Commentant l’optimisme revitalisé du centre, le Dr Nwanze a dit, « les défis peuvent faire ou défaire une personne ou une institution. Heureusement pour l’ADRAO, la crise ivoirienne a obligé notre personnel à repenser d’une manière créative leur stratégie, ce qui a non seulement aidé le Centre à rester dans la course mais a également entraîné davantage d’efficacité dans la gestion de nos ressources ».
Cependant, l’impact de la crise ivoirienne sur la capacité financière du Centre a été accablant. Dr Nwanze exprime sa profonde gratitude au CGIAR et à la Banque Mondiale pour avoir fourni une assistance financière d’urgence et un soutien moral fort en reconnaissance des réalisations de l’ADRAO. En outre, le soutien régulier des bailleurs de fonds du Centre a également amélioré la gestion des ressources et a été crucial pour que l’ADRAO reste viable jusqu’à présent.
« Cependant, pour assurer que les réalisations et efforts de recherche de plusieurs décades ne soient pas gâchés, un engagement ferme et à long terme des bailleurs de fonds est essentiel » a indiqué le Dr Nwanze.
Une stratégie de recherché mieux centrée
Transformant l’adversité en opportunité, les chercheurs de l’ADRAO ont mis à profit la période juste après la crise pour conduire une révision rigoureuse de la stratégie, des structures et des opérations de recherche pour développer un système de recherche plus cohérent.
Comme l’a expliqué le Dr Jim Sumberg, Directeur de la Recherche par intérim, « l’objectif était d’utiliser les défis affrontés durant cette période pour créer un Centre qui soit plus ciblé et plus efficace et donc, mieux placé pour procurer les gains potentiels associés aux résultats de recherche générés pendant les années antérieures.
L’ADRAO a temporairement (pour une durée maximum de deux ans) re-localisé certains de ses chercheurs à Bamako (Mali) – un des majeurs producteur de riz de la région et qui possède une grande variété d’écologies du riz. Ce mouvement stratégique assurera la continuité des activités de recherche du Centre. La Direction de l’ADRAO continue à opérer à partir de son siège temporaire à Abidjan, Côte d’Ivoire.
L’ADRAO envisage de mettre en place au Mali, pour 2003, un programme de recherche complet mais recentré complété par des efforts au niveau des stations régionales du Centre au Sénégal et au Nigeria ainsi que sur d’autres sites. Ceci sera possible en grande partie grâce au mode de collaboration régionale de l’ADRAO basé sur le fonctionnement en réseau qui a permis de maintenir les activités de R&D du Centre en dehors de la Côte d’ivoire sans discontinuer.
La crise a également été une période de gestation productive pour parfaire le nouveau Plan Stratégique décennal de l’ADRAO qui permettra au Centre de répondre efficacement aux défis du futur. « Le plan est construit autour de deux éléments stratégiques : la poursuite de l’excellence dans un nombre limité de secteurs de recherche ciblés et la re-dynamisation du mode de fonctionnement en réseau pour la recherche régionale en collaboration », a expliqué le Dr Sumberg.
Deux postes clefs ont été récemment pourvus – Responsable de l’unité de ressources génétiques et Coordonnateur de l’Initiative Africaine pour le Riz (ARI) – ce qui va permettre de renforcer les activités de ces deux secteurs importants et de réaliser une meilleure intégration des secteurs de la R&D de l’ADRAO.
L’ADRAO a participé activement au développement du programme-défi conduit par le FARA « améliorer les moyens de subsistance et la gestion des ressources naturelles en Afrique sub-saharienne » – une tâche pour laquelle le Centre est bien positionné grâce à ses résultats significatifs dans la recherche comme dans les systèmes de recherche.
Une gestion administrative et financière plus rationnelle
Malgré les énormes difficultés pour gérer les activités financières et administratives de l’ADRAO en raison de la crise ivoirienne, les opérations sont en cours de rétablissement avec des ressources minimales et une plus grande efficacité. Les allocations, paiements et suivi des dépenses de recherches ont été clarifiées avec un impact positif sur les structures du personnel et des opérations.
« L’accent a été mis sur la réduction au minimum des perturbations du programme de travail prévu pour 2003 » a indiqué Michel Dubé, Directeur Administratif et Financier.
La crise actuelle a causé une perturbation considérable de la situation financière du Centre, mais la dotation d’urgence du CGIAR a aidé l’ADRAO à surmonter les effets initiaux de la crise.
« De nombreuses dépenses extraordinaires n’ont eu lieu qu’une fois et la plupart ont déjà été réglées, il n’en reste que quelques unes pour le prochain trimestre. Les autres coûts spéciaux mensuels seront en partie résorbés par les économies faites grâce aux améliorations des modalités de fonctionnement » a expliqué M. Dubé.
Il a ajouté que en dépit des économies et de la rationalisation des opérations, l’ADRAO doit toujours faire face à des coûts additionnels de près de 40 000 $ par mois soit un demi-million de dollars par an.
Les services Formation, Bibliothèque, Information et Technologies de la Communication confortés.
Le Département Formation, Information et Bibliothèque (TILS) a redéfini son système de fourniture de service, cherchant à prendre une position prépondérante au niveau régional pour les activités de formation en utilisant les nouvelles technologies de la formation et de l’information.
L’Unité de technologie de l’information et de la communication (ICT) a fait particulièrement preuve d’initiative durant la crise, faisant en sorte que les moyens de liaisons entre l’ADRAO et l’extérieur restent accessibles et efficients à tout moment.
ICT a également permis aux chercheurs et aux services d’appui de récupérer les données essentielles à la poursuite de leurs activités. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, l’ADRAO s’est engagé dans l’utilisation des nouvelles technologies telles que la vidéo-conférence et des systèmes efficaces de sauvegarde.
Pour ses activités de publications institutionnelles, l’ADRAO a lancé un site web plus attractif et professionnel en anglais et en français et est en train de créer des sites satellites pour les différents réseaux que le Centre coordonne.
L’importance critique de l’ADRAO pour l’Afrique sub-saharienne
En Afrique sub-saharienne, la région la plus pauvre du monde, où un tiers de la population est sous-alimenté, où la mortalité infantile est parmi les plus élevée au monde et où près de la moitié de la population lutte pour sa survie avec 1$ par jour ou moins, le NERICA de l’ADRAO continue à être une source d’espoir pour des millions de pauvres riziculteurs de plateaux.
« Les caractéristiques majeures du NERICA, rendement plus élevé, teneur en protéines plus élevée, résistance aux nuisibles et réduction des corvées, devraient amener une réduction des importations, une augmentation du revenu des agriculteurs et du bien-être familial et une réduction générale de la pauvreté dans la région » a dit le Dr Nwanze.
En Guinée, par exemple, l’utilisation du NERICA fait gagner aux riziculteurs 65 $EU par hectare avec un niveau d’intrants minimal et 145 $EU par hectare avec un niveau d’intrants modéré.
Pour reproduire le même succès dans d’autres pays au Sud du Sahara par une extension rapide du NERICA, l’Initiative Africaine pour le Riz (ARI) a été lancée en mars 2002, en phase avec les principes directeurs du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique).
Selon les projections de ARI, à la fin de 2006, 200 000 ha devrait être cultivés en NERICA avec une production de près de 750 000 tonnes par an réalisant ainsi une économie sur les importations de riz de près 90 millions de $EU par an.
« Les améliorations agricoles de cette nature sont essentielles pour ouvrir des chemins de sortie de la pauvreté pour les populations déshéritées de l’Afrique sub-saharienne », a indiqué le Dr Nwanze. « L’ADRAO continuera à offrir aux pauvres de telles technologies appropriées », a-t-il ajouté, indiquant que le NERICA pour les écologies plus prometteuses des bas-fonds était en cours.
Se fondant sur ses réalisations passées et s’appuyant sur sa stratégie revitalisée, l’ADRAO va de l’avant. Encouragé par la demande croissante de ses services et produits, au-delà de sa zone d’activité d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Centre a décidé d’adopter cette année l’appellation de « ADRAO – le Centre du Riz pour l’Afrique ».
Cependant, mettre en œuvre dans sa totalité ce concept de l’ADRAO – le Centre du Riz pour l’Afrique requiert une base de ressources beaucoup plus importante que celle dont dispose le Centre actuellement. « Des ressources additionnelles devront être générées à travers des mécanismes tel que l’ARI, la mise en place du réseau de recherche sur le riz de l’ASARECA et d’autres projets riz soutenus par des bailleurs de fonds en Afrique de l’Est et Australe » a dit le Dr Nwanze.
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